Valenciennois

Le CHV à l’heure du partage des compétences médicales

2016, cette période fut très riche avec l’aboutissement du projet Centre de soins psychiatriques, des certifications multiples, l’achèvement du dossier patient informatisé, la montée en puissance de la chirurgie… et bien sûr, la loi Touraine à travers la naissance du Groupement Hospitalier de Territoire du Hainaut-Cambrésis, année exceptionnelle !

Le CHV,  le management médical innovant !

Pour son denier bilan, Philippe Jahan, le directeur du CHV, a eu l’opportunité de mettre en avant une première en France (une de plus), au sein de l’hôpital public de Valenciennes. «Un accord contractuel a été signé, très récemment, entre la direction et la communauté médicale. Tout simplement pour savoir qui fait quoi et à quel moment. Nous avons balayé toutes les situations possibles. Par cette convention, le médical intègre plus encore la direction générale du CHV», explique-t-il. Effectivement, c’est peu commun et d’ailleurs le Dr Isabelle Girard Buttaz, la présidente du Comité Médical d’Etablissement, précise «nous avons mis une année à négocier, réfléchir avant de signer ce document». En effet, l’indépendance du monde médical face à une direction d’un établissement de santé est, aujourd’hui, encore un vieux dogme très vivace.

Efficient donc bénéficiaire !

Le système de santé français n’a plus de budget pour la médiocrité, seule une direction vers l’excellence, l’efficience des actes médicaux, la pertinence du parcours de soins, tout doit converger vers une santé efficace, et mécaniquement équilibré financièrement.

De fait, le CHV connaît pour la 4ème année consécutive un bénéfice «avec + 1 % d’excédent de budget toutes opérations budgétaires déduites, c’est 4 millions d’euros ! », souligne Philippe Jahan. D’ailleurs, parmi les certifications obligatoires, celle de la qualité comptable, en clair des comptes financiers… « fut sans aucune réserve», précise avec fierté le directeur du CHV.

Ce bilan chiffré trouve ses sources grâce, entre autres, a de nouvelles recettes. «Nous avons réalisé 30 000 interventions chirurgicales, soit 7 % de plus qu’en 2015», indique la présidente du CME. Une montée en puissance démontrant qu’un hôpital public peut récupérer des parts de marché, c’est bien souvent l’inverse qui se passe. «Aujourd’hui, face à des intervenants de qualité dans le privé, nous sommes respectés et redoutés», ajoute Philippe Jahan.

Plus généralement, c’est l’hôpital public français qui se repositionne dans le paysage de la santé française. «C’est une success story de l’hôpital public gagnant. C’est également un message pour la pratique de la médecine groupée», précise le directeur.

Toutefois, cette qualité du CHV ne cache pas, sur ce territoire comme sur d’autres, la désertification médicale. Des villes sur le Valenciennois, voire limitrophes perdent régulièrement des médecins et des spécialistes libéraux. Ainsi, le patient se voit dans l’obligation de se rendre à l’hôpital public de Valenciennes dont les services sont sans cesse plus performants.

La médecine partagée

Le français a une habitude très ancrée d’un dialogue individuel avec son médecin, son praticien à lui tout seul… «c’est un modèle du XIXème siècle. Aujourd’hui, nous devons tendre vers la médecine partagée, des maisons médicales privées avec de multiples disciplines. Pour cela, i faut que le patient accepte que son dossier médical soit partagé entre 4 à 5 praticiens », déclare Philippe Jahan.

Des avancées vont dans ce sens au CHV avec le dispositif «Prado» dont l’objectif est un retour plus rapide des patients à domicile. « Nous avons 7 PRADO sur le CHV, un chirurgie, un obstétrique, un cardio, un médecine et en 2017, un PRADO AVC dès cette année« , précise Isabelle Girard Buttaz.

Cette démarche vise clairement à réduire les nuités et de facto le coût d’une hospitalisation. «A titre d’exemple, nous pouvons observer sur la maternité une diminution des recettes suite à ce retour domicile. Par suite, nous redéployons les moyens humains au sein du CHV», explique le directeur. De plus, pour la première fois, la sécurité sociale va organiser un PRADO week-end afin de mobiliser des professionnels du privé pour répondre aux patients du service obstétrique, un exemple de patient partagé dans le privé. Oui, c’est possible !

Rôle social

Comme dans la plupart des communes, l’hôpital public est souvent le premier employeur. A Valenciennes, le CHV poursuit son rôle social en 2016 «  car nous avons embauché 73 fonctionnaires hospitaliers dans le para-médical et 13 médecins en ETP (Equivalent Temps Plein) », commente Philippe Jahan. Au global, l’hôpital public de Valenciennes comprend 5000 fiches de paye, dont 3 850 ETP.

Là également, la contractualisation est la pierre angulaire du management. «Nous avons voulu contractualiser le rapport praticien/médecin à travers la mise en place d’une fiche de poste et d’une lettre de mission», ajoute le directeur. Un management dont l’objectif est aussi l’absence d’un malaise du cadre médical, très médiatisé au niveau national. «Il n’y a plus de malaise au CHV du cadre-soignant», affirme le directeur.

Les services médicaux

Au niveau du service des urgences, le Dr Isabelle Girard Buttaz souligne «que depuis le mercredi 18 janvier, nous ne sommes plus sous le dispositif «Hôpital sous tension ». Notre pic ne fut pas sur la grippe, mais sur la période de gel du week-end dernier. Les urgences étaient remplies de personnes victimes d’une chute. Certains patients ont été plâtrés dans les couloirs, l’ensemble des professionnels, tous volontaires, sont descendus aux urgences pour intervenir».

Ensuite, des nouveaux services sont en place «comme un Centre d’ophtalmologie. Sur ce territoire, il y a une offre privée de qualité sur Somain, et maintenant une également au sein du CHV », précise Philippe Jahan. «Quatre embauches ont été effectuées pour lesquelles, nous avons mis à disposition un outil d’une grande modernité», ajoute la présente du CME.

Ensuite, un service renaît de ses cendres. «Après le départ de Dominique Riquet (Urinologue de renom et ancien maire), ce service s’est complètement écroulé. c’est pourquoi nous avons relancé un Centre Urologique du Hainaut-Cambrésis », commente Philippe Jahan.

Egalement, la haute technologie s’invite au CHV avec les salles hybrides. «Un chirurgien peut opérer tout en voyant en images son intervention. Il peut par conséquence ajuster son geste si besoin est», explique la présidente du CME. La technologie médicale de pointe constitue réellement une avancée médicale au bénéfice du patient.

Enfin pour un bémol, le tout jeune établissement Jean Stablinski de soins de suite, quasi en face de Jean Bernard, ne remplit pas son office… La déclaration du directeur du CHV est pour le moins cinglante «il ne répond pas à nos attentes, il faut changer le fonctionnement et les personnes (responsables). Nous devons revoir cela avec notre partenaire l’UGECAM».

La GHT du Hainaut-Cambrésis

Cette année 2016 est marquée pour la configuration opérationnelle du fameux Groupement Hospitalier de Territoire. En effet, la loi Touraine a inscrit dans la loi la mise en place d’une collaboration entre les établissements publics de santé d’un territoire élargi, mais à une distance raisonnable pour le patient. Pour le GHT du Hainaut-Cambrésis, 12 établissements sont concernés, le CH de Denain, le CH de St-Amand-les-Eaux, le CH de Le Quesnoy, le CH de Maubeuge, le CH de Jeumont, le CH d’Avesnes-sur-Helpe, le CH de Fourmies, le CH de le Cadeau Cambrésis, le CH de Cambrai, le HD de Felleries-Liessies et le CH de Haumont, mais également le CH de Valenciennes qui obtient le titre d’établissement support.

Au sein de cette GHT, la communauté médicale du CHV est reconnue car c’est le Dr Isabelle Girard Buttaz qui été élue à l’unanimité comme présidente de cette CME inter-hôpital. Par contre, concernant la gouvernance politique, la nouvelle répartition est la suivante. «Compte tenu de sa profession libérale, le président du Conseil de surveillance du CHV, Armand Audegond, s’est effacé. C’est Serge Siméon, le maire du Cateau-Cambrésis mais surtout un hospitalier de profession, le président de cette GHT du Hainaut-Cambrésis, Anne-Lise Dufour, 1ère vice-présidente, député-maire de Denain, et Arnaud Decagny, 2ème vice-président, maire de Maubeuge pour les principaux », explique Philippe Jahan.

Le docteur Girard Buttaz rappelle que le CH de Fourmies, éloigné de tout, fait l’objet «d’un train d’équipes médicales qui vont intervenir sur cet établissement médical». C’est l’exemple type d’une collaboration nécessaire entre les Centres Hospitaliers. Plusieurs initiatives sont déjà en place comme des équipes du service obstétrique du CHV, intervenant sur le CHSA (Centre Hospitalier Sambre Avesnois), et par effet de domino, des spécialistes du CHSA vont sur l’hôpital de Fourmies…

Dans cette optique collaborative territoriale de santé, l’impact sur un projet médical de santé d’un hôpital public est évident. «Notre prochain projet médical 2018/2022 du CHV doit prendre en compte la GHT. Son objectif est de corriger les insuffisances médicales sur tels ou tels sites et de collaborer, mutualiser avec les 11 CH de la GHT», souligne la présidente du CME de l’hôpital public de Valenciennes.

Face à cette logique de partage des compétences, Philippe Jahan veut souligner l’action principale du directeur d’un établissement de santé. «Les briques, ce n’est rien du tout. Par contre, un projet social, un dossier du patient informatisé, un accord de management direction/praticien etc., une organisation médicale et administrative basée sur le juste à temps, cela prend 10 ans. Le travail de l’invisible est le plus long» .

Hôpital écolo

Enfin, à la veille de son départ en retraite, le futur-ex directeur annonce, avec plaisir, que le CHV a obtenu le label «Développement Durable», «  le CHV est reconnu comme un Hôpital-Ecolo ». C’est un concept assez novateur pour un établissement hospitalier, mais il imprime dans le marbre que la médicalisation doit être, comme de multiples activités, source de bonnes pratiques environnementales.

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