Valenciennois

Le Centre de soins psychiatriques Constance Pascal est lancé…

Sur chaque territoire, il y a des marronniers, des sujets dont on parle à chaque cérémonie des voeux, voire durant chaque campagne électorale, mais qui n’aboutissent quasiment jamais. Sur le Valenciennois, nous avions la liaison A2/A23, heureusement achevée le 13 décembre 2016, la ligne ferroviaire Valenciennes-Mons toujours en attente et le regroupement d’un Centre de soins psychiatriques sur l’hôpital public de Valenciennes…

Première pierre du Centre de soins psychiatriques sur le CHV

Seule la ténacité sur ce dossier permet, aujourd’hui, la pose de la 1ère pierre de ce pôle psychiatrique. «15 ans de projets, de contre projets, d’abandon avant d’arriver à ce dossier final particulièrement soutenu par l’ARS (Agence Régionale de Santé) », souligne le docteur Thomazeau, chef de service du pôle psychiatrique.

Cette idée d’une prise en charge de la maladie mentale n’est pas neuve. En effet, cette démarche de soins a été actée en 1976, mais elle s’est traduite par la création d’un établissement éloignée de l’hôpital de Valenciennes, c’est à Saint-Saulve que cet équipement est basé en 2017. Un constat marquant une réflexion, à l’époque, sur la distance nécessaire d’un patient atteint d’une maladie mentale et des autres, comme si certaines pathologies n’existaient pas chez l’un ou chez l’autre. Oui, un citoyen atteint d’une maladie de la pensée peut contracter un cancer… aussi !

Soupir de satisfaction, ce dogme est tombé sous l’impulsion de la communauté médicale et bien sûr de Philipe Jahan, directeur du CHV et bientôt retraité. «Enfin, le paradigme est révolu. Un seul site, quel que soit la pathologie, avec un parcours de soins unique va devenir une réalité», poursuit le docteur Thomazeau.

Ce futur Centre de soins psychiatriques sera doté de 117 lits, dont 5 lits en hospitalisation de nuit, et 10 lits en Centre de crise (déjà en place sur le site Jean Bernard). Un projet dont le coût prévisionnel est estimé à 23 500 000 € dont 450 000 € pour l’équipement.

Site Constante Pascal

Après Jean Bernard, le choix s’est porté sur une pionnière dans le domaine de la psychiatrie. «Constance Pascal a participé activement au combat contre la stigmatisation de la maladie mentale. Elle fut également une pionnière dans le domaine de la Pedo/Psychiatrie et 1ère femme médecin en chef d’un asile», commente le docteur Thomazeau.

Comme pour la reconnaissance de la pathologie de la maladie mentale, la continuité de l’action médicale est à souligner pour mener à bien ce projet structurant pour le CHV. «Un dossier soutenu par l’ancien président du CHV, Christian Peretti, le directeur Philippe Jahan et la communauté médicale du CHV», précise Armand Audegond, le président du Conseil de surveillance. Il met en exergue également cette réalisation «salutaire pour le CHV, mais également pour la ville de Valenciennes», ajoute l’adjoint à la ville-centre. L’hôpital public de Valenciennes, avec 5 000 fiches de paye, est le plus gros employeur de la commune, l’agrégation d’un nouveau pôle médical est de facto, une heureuse nouvelle !

«D’ailleurs, ce regroupement est en phase avec la loi Touraine, et la constitution de la GHT (groupement hospitalier de territoire) pour une fusion des connaissances», conclut David Audegond.

ARS, partenaire solide

Ce projet est également le résultat d’une prise d’engagement fort de l’ARS en faveur de ce dossier. «Nous avons investi 900 000 € afin de lancer le dossier pour son achèvement fin 2018. La mutualisation des ressources, le rapprochement des plates-formes techniques implique une meilleure coordination entre les acteurs de la santé mentale», explique le délégué territorial de l’ARS.

Cette nouvelle implantation est favorable aux aidants et aux usagers ; elle ouvre une nouvelle ère «et je veux souligner l’esprit d’anticipation, la vision de Philippe Jahan avec la CHT (Communauté Hospitalière Territorial), prémisse de la GHT. Aujourd’hui, celle de Valenciennes est la plus avancée», ajoute le délégué de l’ARS.

Le crayon et la pioche

Espace du CHV en cours de destruction

Le chantier est effectif depuis le 02 novembre 2017, la ligne d’arrivée a même été annoncée clairement. « Un achèvement fin 2018 me semble être une bonne orientation« , commente Pascal Benedit, un responsable de l’entreprise Rabot-Dutilleul, en charge de la construction de ce site. Le timing est assez clair, une remise à zéro du site est en cours, une validation du permis de construire devrait intervenir vers avril 2017, puis après épuisement des recours « un début de construction devrait commencer cet été 2017« , confirme-t-il.

Un dossier dont la technicité n’échappe à personne, un site médicalisé pour des soins psychiatriques au sein d’un hôpital général. Le défi est de taille même si, de nos jours, l’évolution est palpable «on réfléchit plus à un site d’hébergement plutôt qu’à un hôpital, avec des jardins, des espaces ludiques, c’est une autre approche à travers un lieu de vie», indique Pierre Desfontaine, un architecte du cabinet Escudié-Fermault à Tourcoing. Cet établissement de soins est à la fois fermé et ouvert, en capacité d’exercer une étanchéité totale, comme de s’ouvrir sur les autres espaces de soins du CHV.

Ce Centre de soins psychiatriques est réfléchi et pensé par cycle, des zones pour les longs séjours, plus en étage, moyen voire court séjour en rez-de-chaussée, comme pour l’hospitalisation de jour où certaines urgences. «La conception de ce site est difficile. Sa complexité est son imbrication au sein d’un centre hospitalier existant, il a fallu respecter des principes de logistique globale», ajoute Emmanuel Dhenin, du cabinet d’architectes AvantPropos à Lille, le second concepteur sur ce projet. Une réalisation complexe pour lequel les bureaux d’études, HDM/Ingénierie et SYMOE ont pris une part active.

Ce passage d’un bâtiment du XIXème siècle, en cours de destruction, au XXIème siècle constitue une avancée remarquable pour le soin de la santé mentale sur le Valenciennois. «On a zappé un siècle», commente Emmanuel Dhenin. Il est évident que ces années récentes marquent la reconnaissance des déficiences, moteurs, visuelles, auditives et cognitives, mais modifie également la résonance du soin nécessaire à la santé mentale, de proximité, plus performant, plus efficient, plus humain… et résumé dans un seul bâtiment, celui de Constance Pascal fin 2018 à Valenciennes.

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