Et pour quelques milliards de plus…
Les nouvelles positives se multiplient pour l’industrie ferroviaire. Hier dans le dur, cette filière a aujourd’hui l’occasion de restructurer complètement sa capacité industrielle basée en France. Rencontre avec Fabien Roussel, secrétaire du PCF/Nord et Jean-Claude Dulieu, conseiller départemental.
Ce jeudi 24 novembre 2016, le constructeur canadien Bombardier a récupéré une commande ferme de la région Normandie. En effet, 40 OMNEO Premium pour les lignes intercités de Normandie sont actés pour un montant de 585 millions, un train intercité intégralement conçu sur le site de Crespin et bénéficiant à tout le réseau de sous-traitants. « Cela rempli le carnet de Bombardier jusqu’en 2019″, précise Fabien Roussel, secrétaire fédéral du PCF/Nord et élu à la ville de St-Amand-les-Eaux.
3,7 milliards voire 9 milliards ?
Dans le même temps, cette commande ferait la jointure pour Bombardier, en 2019, avec le fameux contrat du siècle du réseau RER d’île de France pour le binôme industriel Alstom/Bombardier. « Ce contrat devrait être signé définitivement durant le premier trimestre 2017 nous a indiqué Valérie Pecresse (présidente de la région IDF)« , précise Fabien Roussel.
Seul en lice, le duo industriel implanté dans le Valenciennois est sur la route pour la finalisation de cette commande de 270 trains. Relaté ces derniers jours dans la Voix du Nord, des élus et des syndicats du Valenciennois ont voulu alerter le donneur d’ordre, le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France), à l’occasion d’une réunion sur Paris le 15 novembre dernier. « Notre apport a été important car nous avons sensibilisé les membres du STIF sur deux sujets. Se battre ensemble pour une clause de production locale à minima entre 70 et 80%. Ensuite, à défaut de modification de la loi, intégrer des exigences dans le cahier des charges pour une production en France. Sur ce point, il s’avérait que le STIF s’était concentré uniquement sur le service rendu aux usagers mais pas à l’exigence d’une production locale« , poursuit Fabien Roussel.
Lettre à Valérie Pecresse, présidente de la région Ile-de-France
Jean-Claude Dulieu, conseiller départemental et élu à la ville de Valenciennes, présent à cette rencontre comme Patrick Kolebacki, soulignait la sensibilité du sujet. « Alstom pourrait produire ses boggies, ses roues, ses câbles électriques ailleurs que sur Tarbes, Conan ou sur le Valenciennois. Cette super commande pourrait se réduire a de l’assemblage en fin de course« .
Dans cette optique, les élus du Nord présents à cette réunion ont demandé la mise en place d’un comité de suivi. Ce dernier serait en charge de vérifier la réalisation locale de cette commande publique ; il serait composé des élus de la région Ile de France, des Hauts-de-France, des salariés et des élus locaux. « Tout le monde le réclame dont l’AIF (Association des Industries Ferroviaires), ce n’est pas acté mais pas refusé non plus », ajoute Fabien Roussel.
Et la suite…
Et la commande publique ne s’arrête pas là car un nouvel appel d’offre va voir le jour en 2017 pour un montant avoisinant les 9 milliards. « Durant son mandat, la présidente de la région IDF veut porter l’accent sur les transports en commun. Elle veut passer commande pour 700 trains/métros…car il y a également une urgence vitale. La ligne du RER « D », avec une fréquentation de 600 000 voyageurs jours, a un quai surchargé. C’est une priorité absolue pour la présidente car il y a un risque de sécurité« , déclare Fabien Roussel.
Un premier principe d’engagement ferme, pour 2 milliards en faveur de la RATP, sera proposé à la réunion du STIF du 06 décembre prochain. Ce n’est pas l’appel d’offre qui suivra courant 2017.
En résumé, ce premier étage d’une méga commande se profile en 2017. « Si le duo Asltom/Bombardier obtient cette dernière d’environ 9 milliards, en sus de celle de 3.7 milliards, la filière ferroviaire sera pourvue en charge de travail pour 15 à 20 ans« , ajoute-t-il.
Une occasion unique
« Nous sommes à la croisée des chemins. Le potentiel est énorme et il doit permettre de défendre un savoir ferroviaire partout en France. Nous devons gagner cette bataille de l’opinion publique de plus en plus sensible à une production locale« , explique Jean-Claude Dulieu.
« Cette occasion est unique. Nous pouvons investir dans de nouvelles machines, former une nouvelle génération de salariés, de l’agent de production à l’ingénieur, et permettre à une autre de partir en retraite. Nous sommes à un carrefour de cette filière ferroviaire« , conclut Fabien Roussel.
L’enjeu est fort car il assurerait la pérennisation d’un savoir faire ferroviaire dans le Valenciennois, et en France plus généralement, grâce à cette commande titanesque du STIF… Voilà une année 2017 s’annonçant comme un tournant industriel pour les poids lourds de l’industrie ferroviaire dans le Valenciennois.
Le rôle de la région des Hauts-de-France
Comme soutien de taille, les élus du Valenciennois veulent que la région des Hauts-de-France pèse de tout son poids. « Elle doit organiser cette coopération positive. Le temps de la rentabilité à court terme doit laisser place à une coopération sur le long terme« . Un courrier est parti dans ce sens à Xavier Bertrand afin de mettre sur la table les enjeux pour la filière et l’emploi. Sa réponse est claire et visiblement, le message est reçu 5/5 par le président de la région des Hauts-de-France (ci-dessous).