UNESCO/Un marketing positif pour le territoire
Depuis le 01 juillet 2012, le bassin minier dans le Nord Pas-de-Calais a obtenu le label UNESCO. De facto, le Valenciennois, où est né la première extraction du charbon sur Fresnes-sur-Escaut, est au coeur de cette reconnaissance mondiale (visuel terrill Brunehaut sur Bruay-su-l’Escaut et chevalement Sabatier sur Raismes).
Unesco, un élément d’attractivité majeur pour le Valenciennois
Issue de cette labellisation, l’association » Mission Bassin Minier » essaye depuis 4 ans de promouvoir ce « paysage culturel évolutif » UNESCO. Cette reconnaissance planétaire s’étend sur 4 arrondissements, dont le Valenciennois, avec un pilotage par 4 sous-préfets sur un vaste territoire comptant un million d’habitants environ, un redoutable exercice de coordination des actions ! « C’est le 3ème territoire sur lequel j’interviens dans le cadre d’un label UNESCO, après celui des Cévennes et de l’île de la Réunion« , souligne Thierry Devimeux, sous-préfet de Valenciennes.
A cet effet, un séminaire était organisé, mardi 22 novembre, par cet organisme « Mission Bassin Minier » afin de présenter les résultats de l’étude « Qualification et protection des paysages miniers remarquables du Bassin minier Nord Pas-de-Calais« . Cette journée s’est déclinée à travers une présentation plénière dans la splendide salle des fêtes de Wallers Arenberg, un exemple de bâtiment minier sauvé…, ensuite, différents ateliers thématiques avec une restitution en fin d’après-midi et enfin une table ronde de clôture. Cette dernière, plus abordable pour l’auditeur lambda, était intéressante à plus d’un titre.
Patrimoine ressuscité
Il ne faut pas se voiler la face, les vestiges fonciers et naturels de la mine charbon n’ont pas toujours connu un écho favorable auprès de la population locale. Une image de la rudesse d’une époque, une vision négative dans l’inconscient collectif de la population afin de supprimer les stigmates visuels d’une page lourde de sens et de vécu.
Pourtant, peu à peu, l’existence de ce patrimoine naturel, à travers ses terrils, et urbain, via ses vestiges de briques rouges, sont redevenus l’objet d’un regard bienveillant. Et si notre histoire économique devenait un atout majeur d’attractivité touristique avec par ricochet un impact économique. C’est cette histoire que Jean-François Caron, clé de voûte de cette obtention, a raconté à l’organisation UNESCO. Celle d’un bassin minier, fier de son identité voulant aujourd’hui, et demain plus encore, sacraliser un bassin de vie autrefois minier mais ô combien présent.
Christian Douale, directeur patrimoine de la DRAC des Hauts-de-France, confirme cette particularité » les habitants ont parfois une image négative de ce patrimoine minier naturel. Je constate avec satisfaction une prise de conscience des élus communaux et de la population. Cet environnement est un spectacle culturel vivant dans toutes ses composantes« .
Patrimoine consommé dans le Valenciennois
Le Hainaut est une illustration magnifique avec ses terrils même si « c’est un peu différent sur cet arrondissement. On observe que les terrils sur le Valenciennois sont digérés par la nature« , souligne Thierry Devimeux, le sous-préfet de Valenciennes. Réflexion que l’on peut prolonger pour les bassins d’affaissement comme Chabaud-Latour ou l’étang D’Amaury. En effet, quelle est la partie de la population du Valenciennois qui connaît l’origine de ces espaces naturels directement liés à l’exploitation passée de la mine ?
La directrice du Parc Naturel Régional Scarpe Escaut, Isabelle Zarlenga, était présente à ce séminaire : » Je découvre ce territoire depuis 15 mois. Aujourd’hui, dans les différents ateliers, nous avons évoqué cet intérêt majeur, un espace exceptionnel. Nous devons donc porter ce label UNESCO et cela passe par l’acquisition des moyens humains et financiers« . En filigrane de cette intervention, elle pointe du doigt un aspect socle de cette propagation de ce label UNESCO, cette reconnaissance doit passer par la fierté des habitants du Valenciennois.
Sur ce sujet précise, Thierry Devimeux rajoute une couche « beaucoup ignorent l’existence de ce label UNESCO sur le Valenciennois. J’ai vu le directeur de Toyota à Onnaing qui n’était même pas au courant de son existence sur cet arrondissement ! »
Par suite, le véritable sujet est la prise en compte de cette problématique par les élus de proximité car l’Etat ne peut pas tout. Certes, au niveau signalétique, le sous-préfet de Valenciennes poursuit sa croisade active pour un affichage (en cours) du label UNESCO mais cela ne suffit pas.
En effet, sur cette thématique du label Unesco, les comités de pilotage locaux constituent l’organe de vie d’une promotion réussie ou pas. « Techniquement, je préside cette réunion mais en fait, je considère que je copréside car ce sont les élus qui doivent s’approprier ce sujet. Je tire ce comité avec un fil de soie car j’apporte des idées mais j’attends qu’elles soient reprises, il faut éviter absolument que le lien se casse entre l’Etat et les élus. L’Etat peut impulser mais ne doit pas rompre la dynamique« , précise le sous-préfet de Valenciennes. »Je considère que ce label constitue un marketing territorial positif« , conclut-il.
Chemin faisant, ce label UNESCO, dont avait du mal à voir son impact après l’enthousiasme de l’été 2012, commence à s’organiser, s’articuler à travers des actions précises voire chirurgicales. Outre l’action de l’association MBM, l’enjeu est fort pour ce comité de pilotage dans le Hainaut car plus que toutes les actions menées, le changement passera d’abord pas un nouvel état d’esprit vis à vis de ce label UNESCO et par son appropriation par la population du Valenciennois. C’est un défi de taille, abattre un mur et le reconstruire, c’est simple ! Par contre, changer un sentiment de honte d’un passé trop lourd par l’idée qu’il est magnifique par ses vestiges naturels et urbains, c’est le combat d’une idée par une autre idée, l’éternel challenge !