Philippe Vasseur « Ma mission est unique et répond à un besoin »
Ce mercredi 19 octobre, Philippe Vasseur, haut-commissaire à la réindustrialisation des Hauts-de-France, était dans le Valenciennois. A cette occasion, une première réunion était organisée en Sous-Préfecture de Valenciennes avec de nombreux élus et acteurs du territoire.
Philippe Vasseur « Cette mission est totalement déconnectée des échéances électorales«
Sur son rôle, Philippe Vasseur recadre de suite la fonction « je n’aime pas le terme de réindustrialisation, il sous-entend une industrie du passé. Je préfère le mot-revitalisation- comprenant également les nouvelles activités« .
Cette initiative atypique s’est concrétisée « ici, dans la Sous-Préfecture de Valenciennes, lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et Xavier Bertrand fin mai 2016. Cette mission de facilitateur et de coordination entre l’Etat et la Région est unique en France. Je tiens à souligner la totale coopération des services, les plus divers, de l’Etat et de la région« , précise le Haut-Commissaire.
Cette lettre portait plus précisément sur 7 territoires, 2 en Picardie et 5 dans le Nord Pas-de-Calais d’où la venue de Philippe Vasseur dans le Valenciennois. « Votre visite était très attendue« , souligne Thierry Devimeux, le sous-préfet. L’assistance le confirme puisqu’une soixantaine de personnes étaient présentes, élus, acteurs économiques, syndicats et même le président de l’UVHC, un poumon territorial en attente de réponses à ses questions.
Philippe Vasseur était très satisfait du nombre de participants et surtout du ton « pas de fatalisme mais plutôt des acteurs avec une envie de faire. Ils avaient besoin de parler« . Une thérapie de groupe demandant une nouvelle visite, mais en attendant, Philippe Vasseur rappelle les 3 axes de sa mission :
– Conforter l’existant voire cibler les fragilités dans les différents secteurs d’activités.
– Développer l’existant et partir à la découverte de nouveaux projets.
– Attirer des entreprises internationales sur la région des Hauts-de-France.
Certes de l’extérieur, on peut s’extasier de la présence de GSK, Toyota voire bientôt Safran et pourtant de nombreuses inquiétudes sont prégnantes sans même évoquer le cas Vallourec avec une cession prochaine et un plan social au premier trimestre 2017… en pleine campagne présidentielle !
Le ferroviaire
Sur le premier volet, le Valenciennois est une terre industrielle avec deux poids lourds, le ferroviaire et l’automobile. Sans surprise, la fameuse commande du siècle avec 250 trains pour un montant de 3,3 milliards d’euros est au coeur de l’actualité. « J’espère que les remontées pessimistes n’auront pas de suite. Il faut faire plus de lobbying. Quand je vois la médiatisation, justifiée, pour le site de Belfort avec 400 emplois. L’enjeu est en l’occurrence beaucoup plus fort sur ce territoire. Je pense résolument que l’offre d’Alstom/Bombardier est la meilleure. Il faudrait d’ailleurs ajouter des critères autres que financiers« , clame Philippe Vasseur. Sur l’ensemble du territoire français, « il faut préserver notre filière ferroviaire« , conclut-il sur ce sujet électrique dont le résultat sera annoncé pour décembre 2016.
L’automobile
Sur le volet automobile, l’annonce de PSA, au niveau national, constitue l’autre l’actualité. Cette réduction d’effectif sur l’ensemble des sites en France se comptabilise à 2133 postes ventilés comme suit : 983 congés seniors, c’est une pré-retraite 3 ans avant, 125 congés longue durée (24 mois 800 € brut environ) et 125 congés mobilité externe sécurisée avec un retour possible si la reconversion n’est pas positive. Sur les deux sites du Valenciennois, la réduction d’effectif est de 52 sur PSA Trith-St-Léger et 113 sur Sevelnord-Bouchain. « Cette réduction d’effectif correspond à une adaptation de la demande du client. Par contre, nous sommes très satisfaits de l’embauche, sur 3 ans, au niveau national de 1 000 CDI supplémentaires et de 6 000 jeunes en apprentissage (2 000 par an) à compter de 2017« , explique Eric Denaene, secrétaire du syndicat FO PSA sur le Valenciennois.
La loi NoTRE
Cette loi quasi révolutionnaire dans le domaine de la répartition des compétences attribue « à la région le rôle de chef de file de la compétence économique« , indique le Haut-Commissaire.. Dans cette optique, certains domaines économiques sont portés par la région comme celui du biogaz injecté. Xavier Bertrand veut soutenir les « unités de méthanisation. Il y a également un projet de techno-centre. Nous allons missionner une AMO afin d’établir un cahier des charges avec des critères précis. Ensuite, un jury indépendant fera son choix« , précise Philippe Vasseur (sujet sur www.va-infos.fr/2016/09/25/methanisation-presente-interet-manifeste/)
Sur le Valenciennois, le Haut-Commissaire cible deux problèmes apparus durant cette réunion. « Il manque de foncier disponible. Si un nouveau Toyota arrive, il n’y a pas d’emplacement !« , explique Philippe Vasseur sauf 80 hectares bord à canal sur le site des Pierres Blanches à Denain…
Ensuite, le second paradoxe est la présence de main d’oeuvre « compte tenu du chômage mais pas assez qualifiée« , ajoute-il.
Un bilan fin 2017
La mission de Philippe Vasseur a réellement commencé début septembre 2016 et s’achèvera fin 2017. « Je tenais absolument à ce que ma mission soit déconnectée de toutes les échéances électorales. A cette période, je ne ferais pas un bilan chiffré, qui ne correspond à rien, mais plutôt un résumé des actions soutenues ou émergentes« , conclut-il.