Le Denaisis insoumis se frotte à la sécurité
Candidat officiel dans la 19ème circonscription, Julien Poix entame une série d’informations thématiques sur le Denaisis. Effet de surprise, c’est sur l’item de la sécurité qu’un conférencier du ministère de l’intérieur, militant de la France Insoumise, est venu porter le fer sur la commune de Denain.
(Visuel d’Ugo Bernalicis)
Julien Poix : « Le vote barrage, le vote Mur de Berlin, c’est fini ! »
Avant cette conférence magistrale, le candidat a rappelé la genèse de ce mouvement, la France Insoumise. «Cela fait pile un an que cette révolution pacifique est lancée. Notre campagne se décline sur deux axes, l’amplification numérique, avec la chaîne YouTube, les réseaux sociaux… », souligne Julien Poix en chair et en os. Il poursuit sur la seconde séquence de cette campagne « nous n’oublions pas le terrain, le porte à porte, du corps à corps ». Cette campagne où les militants vont labourer cette circonscription met en lumière un axiome : « Le vote barrage, le vote Mur de Berlin, c’est fini ! », assène Julien Poix. En clair, il est hors de question sur le terrain de céder aux sirènes d’un rassemblement à gauche. Si Jean-Luc Mélanchon penserait, un matin en se rasant, qu’une alliance à gauche est possible, la remontée de terrain serait très virulente !
Et pourquoi, la raison s’écoute et se comprend. Leur leader charismatique a élaboré un programme très travaillé, très pensé, et « je vous engage à écouter le chiffrage complet le 19 février », ajoute Julien Poix. Un travail colossal qui ne se brade pas au détour d’une conversation dans la salle des 4 colonnes, voire d’un café sur un zing parisien. Cette réflexion programmatique, parfois philosophique, se décline sur tous les sujets, et même la sécurité. Un militant, fonctionnaire du ministère de l’intérieur, était présent pour exposer le programme, sur la sécurité, de Jean-Luc Mélanchon. « On nous dit à chaque fois que nous sommes des bisounours en la matière, que seule François Fillon et Marine Lepen peuvent parler sérieusement de ce sujet », entame Ugo Bernalicis, co-rédacteur du livret thématique sur la Sécurité.
Ugo Bernalicis : « Il faut parler plus de sureté que de sécurité »
Petite précision sémantique par l’orateur «je suis socialiste, au sens social (voir premier) du terme». Plus Jean Jaurès que Manuel Valls, c’est pas un scoop et c’est pourquoi son intervention sur la sécurité, à Denain, ne manque pas de sel, voire d’un certain sens du contre-pied.
Son premier angle d’attaque repose sur une politique carcérale « qui ne s’interroge pas sur les causes. Aller en prison, c’est un facteur majeur pour les récidivistes. Le choix d’une sanction en milieu ouvert favorise une baisse de la récidive».
Sur les forces de sécurité, la réflexion est comptable « 13 791 suppressions de poste dans les forces de l’ordre entre 2007 et 2011. Mais également entre 2012 et 2015, – 1537 dans les forces de police avec juste comme solde positif, + 107 dans la gendarmerie». Faut-il rappeler que la France est couverte à 90% par la zone gendarmerie…
Pour Jean-Luc Mélanchon, la première mesure dans ce domaine serait de réunir «des Etats généraux de la sécurité intérieure», lance le conférencier. Pour étayer cette initiative, le volet formation des agents de police : «Aujourd’hui, nous sommes passés de 12 mois, à 9 mois et très récemment à 6 mois de formation pour le métier d’agent de police. Je crois bien que sur Aulnay, il y avait des très jeunes policiers (pas assez formés). Alors, que d’autres pays ont imposé une formation de deux ans. C’est ce que nous voulons faire avec un temps de terrain, mais dans un cycle complet de formation sur deux ans», indique Ugo Bernalicis.
Ensuite, l’orateur indique un recrutement de 10 000 policiers et gendarmes manquants, mais il «faut réformer la Maison Police. La guerre des polices existe encore. D’ailleurs, notre proposition de relancer un service militaire avec des jeunes stagiaires qui pourraient évoluer au sein de la Police Nationale, fut rejetée. Ils veulent rester entre eux, ils vivent en vase clos, il faut décloisonner la Maison Police. Par contre, il est vrai qu’il manque environ 5 000 postes administratifs (en plus des 10 000 évoqués ci-dessus). Et ceci implique que les policiers sont dans les bureaux.. et pas sur le terrain», ajoute-t-il.
Cette nouvelle donne devant rester «sous le contrôle du juge», précise-t-il. Sauf que deux lois en 2016 instillent un processus de déjudiciarisation, une place est faite à la transaction plus rentable, moins coûteuse en… frais de justice. C’est une lame de fond extrêmement complexe à modifier quel que soit les futurs gouvernants.
Le candidat le plus tonique sur le web explique pourtant «il manque des postes, environ 2 000, dans le cadre des compétences numériques pour la sécurité. Pour autant, il faut sur le terrain de l’humain d’abord. Elucider les dossiers sur le terrain, repérer les signaux faibles de proximité invisibles sur le net», précise Ugo Bernalicis.
Autre point sensible, partagé par d’autres, «il faut rétablir la police de proximité. Concentrer des forces de police sur un secteur sensible, et de fait délaisser d’autres quartiers…n’est pas une solution», indique l’orateur. La prévention, le dialogue, son rôle social dans les quartiers est une constante dans plusieurs programmes politiques, à l’épreuve des résultats !
L’IGPN, Inspection générale de la Police Nationale, «devrait compter parmi ses membres, des personnes extérieures à la Police», ajoute-t-il.
Par contre, sur la légalisation du Cannabis, il rejoint, où le contraire, la position de Benoît Hamon.
Ensuite, la mesure annoncée la plus spectaculaire, novatrice à plus d’un titre. «Il est nécessaire de créer un corps unique, regroupant la Police nationale (fonctionnariat), la gendarmerie (militaire) voire les Polices municipales des grandes zones urbaines», poursuit Ugo Bernalicis.
Enfin, l’Etat d’urgence « permanent n’est pas notre réponse démocratique », conclut le conférencier.
La prochaine conférence thématique se déroulera le 20 février sur Escaudain, puis une autre sur Aulnoy-les-Valenciennes et Douchy-les-Mines, mais les dates sont à déterminer.
Que l’on partage les idées, ou pas, sur le programme de Jean-Luc Mélanchon, le constat est évident, il est très structuré. Et si on devait synthétiser sa vision de la société, il faudrait situer la France insoumise sur un axe unique. La loi est forte quand elle est comprise, l’exception est belle quand elle est admise. En l’occurrence, l’exception chez Jean-Luc Mélanchon est le social, voire l’Etat d’urgence sociale, coeur de tous les maux, clé de (presque) toutes les solutions. Son analyse de toutes les thématiques, les plus divers, s’articule autour de cette réflexion centrale, même sur un sujet d’apparence plus éloignée comme la sécurité.